En un temps lointain, dans un pays aujourd'hui disparu, était un village. Un village tout ce qu'il y a de plus classique, avec ses maisons, ses hommes et ses femmes. En ce village il y avait un chef, un grand chef, puissant guerrier et stratège ingénieux, un chef juste et avisé. Sous son autorité son village vivait une époque de prospérité et de paix relative. Les seules guerres avec les villages voisins avaient vu leur victoire et les envahisseurs, car jamais ce village n'en attaquait d'autres, repoussés. Ce chef vécu longtemps et, sentant venir la fin de ses jours, il fit appeler à lui tous les jeunes et moins jeunes du village. Vaillant guerriers, fougueux chasseurs, mystiques savants, sombres roublards, tous répondirent. Tous des mâles, fiers et orgueilleux, de jeunes coqs. Se présenta aussi, bien que restant dans l'ombre, une jeune fille, même pas adulte, pas tout à fait, mais un soupçon rebelle. D'elle le temps ne retint que ses yeux, des yeux, des yeux bleus assez banals au demeurant, mais plus pour très longtemps.
Le chef s'adressa ainsi aux venus :
"Vous êtes rassemblés ici parce que je sens venir la fin de mon temps. J'ai, durant un long temps, repoussé ce moment, je pense avoir régné en toute justice sur notre peuple, et avoir pourvu au bonheur de chacun. Il est maintenant temps pour moi de laisser la place. Vous tous qui êtes ici, vous allez, si tel est votre souhait, participer à l'Epreuve. Vous aller partir dans la nature et aller par monts et par vaux. Cette année est celle du dragon, en conséquences vous devrez ramener ici un œuf de dragon, ou un dragon, vivant, un dragon qui ai accepté de vous suivre. Je vous sais tous forts et habiles, mais peut m'importe cela. Je veux que la tribu soit dirigée par une personne sage, raisonnée et seuls les plus sages et ceux d'entre vous que la raison a le plus doté finiront cette épreuve vivant et victorieux. Je doute qu'il y ai deux vainqueurs, je sais que certains n'hésiteront pas à user de moyens contestables pour parvenir à leurs fin, aussi j'ai mon moyen de m'assurer que le vainqueur ne sera pas un usurpateur, et entre les vainqueurs s'ils n'y en a pas qu'un seul, je déterminerais le seul et vrai vainqueur, le nouveau chef de la tribu. Allez maintenant, allez et faites vite, mes forces faiblissent, je ne vous attendrais pas indéfiniment."
Le chef mena les concurrents jusqu'à un à-pic et les fis descendre tous, un fois en bas il donna le départ, il les regarda passer du promontoire rocheux sur lequel il était juché, anxieux pour l'issue de l'épreuve. Attendant cette année pour abdiquer il savait que celui qui reviendrait victorieux serait celui qui serait le plus désigné pour gouverner, attendre un an de plus aurait amener les concurrents à chercher un lion et un an de moins aurait été l'année du griffon. Tous deux des adversaires redoutables, certes, mais cependant le vainqueur eu été fort, habile, mais ça aurait pu être un imbécile ou une marionnette stupide. Il ne voulait pas de ça. Soudain, dans la foule des partants, il distingua une chevelure d'un roux flamboyant, sortant sa longue vue il distingua les yeux bleus du concurrent, confirmant ses doutes. Alors que l'inconnu reprenait sa course vers la forêt, les cheveux tenus par une bande de tissu et un foulard, le chef pria les dieux qu'il ne lui arriva, rien. Puis, revenant au camp, il rassura son épouse concernant la disparition de leur fille aînée, jumelle avec l'un des concurrents, leur fils, son cadet de quelques minutes. Enfin, dans la mesure où apprendre à son épouse que sa fille vient de partir à la chasse au dragon peut rassurer une mère bien sûr.
Les concurrents partirent presque tous sur la même route, suivant la voie de la montagne. Une seule ne suivit pas le mouvement, l'inconnue au visage masqué et à la chevelure rousse. Elle prit vers le bois noir et la mer, elle avait entendu dire pas les anciens qu'autrefois y vivaient des dragons, elle espérait y trouver un œuf oublié, voire un grand dragon caché qu'elle pourrait ramener. Cette dernière étape était la plus problématique à ses yeux, malgré sa grande taille, même par rapport à certains garçons, elle n'avait guerre de moyen de ramener un dragon par la force au village. Elle risquait de devoir argumenter, et craignait qu'il ne parla pas la même langue qu'elle. Puis, taisant ses doutes, elle accéléra sa course vers le bois noir, la première épreuve... Elle n'avait pris que quelques jours de provisions, elle en aurait pour une semaine en se rationnant, plus si elle chassait ou cueillait. Elle aviserai. Le chemin jusqu'à la lisière de sa forêt natale et le bois noir, lieu maudit et interdit, lui prit la journée. Elle s'arrêta à bonne distance des premiers arbres pourrissant, ou noircis pour tout autre raison et entreprit de se trouver un lieu de bivouac. Elle n'était pas particulièrement fatiguée mais l'idée de traverser le bois la nuit lui répugnait. Elle trouva une petite clairière près d'un ruisseau, elle s'abreuva et se baigna dans ce dernier. Elle entreprit ensuite de se sécher avec le linge qu'elle avait emporté pour transporter, l'œuf, il aurait le temps de sécher d'ici à ce qu'elle en trouve un se dit-elle. Elle dormit d'un sommeil vigilant, craignant la visite d'un prédateur nocturne. Mais rien ne vint. Elle repartit au matin.
Pendant ce temps son frère et trois de ses compagnons temporaires, toute alliance disparaitrait une fois devant un dragon ou un œuf, suivaient un chemin détourné pour atteindre la mer. Ils connaissaient bien les récits de dragons dans cette région là, et ils pensaient être, sinon les seuls à y penser, les premiers arrivés, car il leur semblait absurde que qui que ce soit traverse le bois noir. Il étaient arrivés en haut d'une éminence dépassant du couvert des arbres et eurent une vue splendide sur la forêt en contrebas et le soleil qui se couchait. Il décidèrent de camper là ce soir-ci. Ils reprirent également leur route au matin, courant du plus vite qu'ils le pouvaient, droit vers la mer.
La traversée du bois noir fut plus longue qu'elle ne l'avait prévu, elle risquait de devoir y passer une nuit. Après un temps de réflexion la jeune fille résolu de continuer son trajet de nuit, et tant pis pour le risque, en restant en mouvement elle s'éviterait nombres dangers pensa-t-elle. Elle ne s'arrêta donc au crépuscule que pour grignoter un peu de viande séchée et reparti au petit trot, en silence, la lune, presque pleine, illuminait sa route et elle ne fit aucune mauvaise rencontre. Elle vit bien quelques buissons bouger et quelques paires d'yeux l'observer depuis l'ombre, mais elle se contentait d'accélérer un peu et de n'y prêter attention. Dans les fourrés les bêtes regardaient passer cette femelle même pas mature et ne pensaient même pas à l'attaquer, pas avec l'aura qu'elle dégageait. Les rumeurs colportées par les meutes de loup des grands bois, la forêt natale de la femelle à en juger par son odeur, étaient donc vraies, le temps était venu...
Ne se doutant pas que sa sœur était aussi engagée dans la course et bien plus avancée que lui, le jeune homme, adulte en vertu des lois de son peuple, continuait sa route et il bivouaqua avec ses trois compagnons à bonne distance du bois noir qu'ils longeaient, de loin. Ils se relayèrent pour monter la garde, comme la nuit précédente, et les nuits qui suivirent, jusqu'à la mer. Sa sœur y fut trois jours avant eux.
Celle-ci termina sa traversée du bois noir sans encombres elle put camper au milieu de la nuit, moins loin de la mer qu'elle ne le pensait. En vérité seul un bosquet particulièrement dense lui en cachait la vue et le bruit. Elle dormit cette nuit-là suffisamment pour pouvoir courir toute la journée du lendemain. Elle arriva à la mer au milieu de la matinée et s'en félicita. Elle prit le temps d'admirer cette merveille que jamais elle n'avait pu contempler. Ravie elle se dirigea vers les grottes qu'elle voyait de loin, espérant y trouver des traces de leurs anciens occupants, si les légendes disaient vrai. Elle y fut au soir et s'endormit dans la première qu'elle fouilla, et trouva vide. Seule trace présumée : des monceaux d'ossements vieux de plusieurs siècles et des traces de griffe sur la roche. Les légendes disaient vrai, elle était au bon endroit, restait a espérer qu'elle y trouverait encore des occupants. Ce soir là son frère n'était pas encore en vue de la mer qu'elle s'endormait au doux son des vagues, se laissant bercer par le ressac.
Dans la grotte du sommet, une créature s'éveilla d'un sommeil que rien n'avait troublé pendant plusieurs longues années. Cette nuit une odeur nouvelle était dans les environs, elle devait savoir qui avait pénétré dans les grottes de son peuple, même si ce dernier avait depuis longtemps abandonné ce refuge précaire pour d'autres demeures plus haut dans les montagnes. Elle descendit à la tout en bas et y vit un de ces bipèdes qui pullulaient partout sur le monde. Elle l'aurait volontiers fait sien dîner si son odeur et son aura n'avaient été aussi troublantes. Puis, lentement, dans son esprit embrumé, le puzzle de remit en place, la bipède en était la pièce manquante, la femelle, même pas mature à en juger par son odeur, quoique, serait amenée à faire de grandes choses. Cependant seule elle aurait tôt fait de mourir en en entreprenant ne serait-ce que la moitié. Elle avait besoin d'aide. La créature réfléchit puis convint de la meilleure solution, elle devait pondre, cela sauverait la bipède et les siens. Cependant elle devait aussi empêcher qui quiconque vienne en ces lieux d'ici quelques semaines... la nuit serait presque trop courte pour tout faire mais cela devrait suffire...
Au matin la jeune fille s'éveilla et trouva deux choses : un œuf rougeoyant contre son sein et un immense dragon enroulé autour d'elle. Les pensées de celle-ci, puisque c'était une femelle, la touchèrent et la tranquillisèrent. Elle caressa l'œuf et s'appuya contre la dragonne qui commença à lui parler de maintes choses, choses qui se gravaient dans son esprit immédiatement, elle apprit en trois jours bien plus qu'en toute sa vie d'auparavant. Le troisième jour l'œuf éclos, donnant naissance à un magnifique dragonneau rouge, flamboyant. Il vint se caler contre la première créature qu'il vit et considéra par conséquence comme sa mère : Allya, Fille du chef, Fille de la Lune, Dame au dragon. Un mâle couleur de bronze apparu alors dans la grotte et salua sa congénère rouge et le jeune dragonneau. Il s'adressa en pensée à Allya et proposa de l'emmener hors du temps, elle y apprendrait ce qu'elle devrait savoir et reviendrait aguerrie et mûre. La dragonne poussa du museau les jeunes dans la faille du temps ouverte par le dragon et les y suivis, avec le mâle de bronze. Une page d'histoire se tournait...
Le frère et ses compagnons arrivèrent au grottes ce jour-là, il les fouillèrent dans la journée et les trouvèrent vide de vie. Au soir, les trois autres étaient sur les nerfs et parlaient entre eux, échangeant messes basses et confidences dans son dos. Puis il l'encerclèrent et l'accusèrent de les avoir trompés, reportèrent sur lui la faute de leur échec commun et menacèrent de le tuer, Le frère tenta tant bien que mal de se défendre mais les autres ne voulaient rien entendre et commencèrent à le rouer de coups. Alors que l'un d'eux se pencher sur lui, son couteau à la main, pour l'égorger, il fut happé hors de son champ de vision par une forme rouge indistincte : un dragon rouge, immense, dans la fleur de l'âge, se tenait là, l'autre était à ses pieds, assommé. Un silhouette en armure rouge descendit du dos du reptile et tendit les deux mains, paume vers le ciel, de la droite partirent deux éclairs, il retombèrent sur les deux autres félons, les assommants également dans leur fuite. De la gauche partit une boule d'énergie qui entra en son frère et le soigna. Il se redressa et remercia l'inconnue qui retira son heaume. Le frère subit un choc de trouver ainsi sa sœur. Puis il s'aperçut que la couleur des ses yeux avait changé, ils étaient désormais d'une teinte rouge sang, sans âge, ou peu s'en fallait. Elle remonta sur le dragon et décolla, partant vers la mer et l'horizon le frère s'assura de l'état des autres et les ligotas, puis il dormit, rêvant de sa sœur, revenant au village, vainqueur de l'Epreuve...
Le lendemain matin revenaient les premiers concurrents, bredouilles, d'autres suivirent pendant encore trois jours, y compris le frère et ses compagnons calmés. il n'y vit pas sa sœur et rejoignit les autres devant la hutte du chef, pour qu'il se prononce la suite des évènements. Le chef sortit au dehors et se jucha sur le Roc de la Parole, immense rocher occupant le centre du village, là il observa tous les concurrents et n'y pas sa fille, moitié inquiet moitié espérant il prit la parole :
"Aucun de vous n'a réussi pendant le temps qu'il s'était imparti, enfin presque aucun...
Comment cela ? Interrogea un des candidats. Nous sommes pourtant tous de retour.
Non, pas tous, manque encore ma fille que j'ai aperçut au départ, participant à l'épreuve à mon insu, elle n'est pas encore de retour.
Alors c'est qu'elle est morte, dit un autre, elle n'aura pas survécu, ce n'est qu'une femme après tout.
De quel droit parle-tu ainsi jeune fou ? Interrogea le chef.
De droit de celui qui veut que le fossile que tu es cède enfin sa place, organise des combats puisque l'Epreuve ne fut pas concluante, le vainqueur sera ton successeur.
Je m'y refuse, énonça l'ancien, le trône ne se gagne pas par la force, mais par l'Epreuve. J'attendrais que ma fille revienne ou que l'on m'apporte son corps sans vie pour me prononcer. J'ai dis.
Et que fais-tu de ceux qui n'en pas non plus revenus ?
Ceux qui n'ont pas survécus ont vu ramener leurs corps, vous êtes tous là sauf elle, j'attendrais donc, c'est la règle.
Nombres de jeunes s'en trouvèrent mécontents mais tous se plièrent à la volonté du chef, même le jeune fou. Tous s'organisaient pour partir à la recherche de la jeune fille quand un cri retentit, tous regardèrent vers le ciel et tous purent voir un dragon descendre vers le village, il se posa en son centre, monté, à la plus grande stupéfaction de tous, sauf du chef, par Allya. Sa chevelure d'un rouge-roux flamboyant était le reflet de ses yeux. Son armure était splendide, de même que la lame qu'elle portait dans le dos et la bête fantastique qu'elle chevauchait.
La fin de l'histoire dit que le père la nomma chef et mourut dans la journée. Sa fille, grâce à ses pouvoirs, lui érigea une sépulture digne d'un empereur. Elle dirigea ensuite son peuple pendant pas loin d'un siècle de paix et de prospérité, les ennemis assez fous pour les attaquer étaient réduits en cendres par son dragon, le vol noir lui-même, après sa trahison, la redoutait car elle était la Dame au Dragon, Allya, Fille de la Lune. Elle finit par se retirer, léguant le trône, après l'épreuve, au petit-fils de son frère, elle-même n'ayant pas eu d'enfants, ni de compagnons. On dit aujourd'hui qu'elle chevauche encore Aldier le rouge, parmi les étoiles, on dit qu'elle vola un jour plus haut que les plus hautes montagnes, elle, fille de chef, vouée à la servitude féminine de rigueur en ce temps. Elle vola plus haut que le ciel et n'en revint jamais, même si parfois, encore de nos jours, on distingue parfois la silhouette immense et rouge de d'un dragon qui volerait parmi les étoiles...
Ven 20 Mar - 9:53
! Et j'ai pas encor lu le dernier Eragon alors Chuuut ! xP