-Il est ici, lâcha Iserion dans un souffle.
Les deux gardes en armure rouge et or s'avancèrent au niveau de la petite porte.
Non loin de la flèche de Solfurie, Iserion Sorrelon se tenait devant une bâtisse, accompagné de deux des sentinelles de la cité.
Les factionnaires ouvrirent la porte sans mot dire. Tout se passa dans le silence le plus absolu. Quelques secondes plus tard, ils sortirent de la maison, escortant un jeune elfe. Lorsque les yeux de celui-ci furent contraints de se poser sur le visage de Iserion, l'occupant des lieux haussa un sourcil.
-Que me vaut ce plaisir, demanda-t-il ironiquement.
Iserion délia ses bras croisés, et sortit d'un pan de sa robe un parchemin, d'allure très officielle.
-Au nom de la Justice, et du bien-être de notre Cité, Isorfindel Thryll, je vous mets par ce présent décret aux arrêts.
-Comment !?
La main libre de chaque garde saisit les poignets du hors-la-loi. Celui-ci tenta de se débattre, mais l'inutilité de cette action ne parvint qu'à dessiner un sourire cynique sur le visage de Iserion.
-Je n'ai rien fait, laissez-moi partir, vous faites erreur !
Isorfindel parvint à relâcher l'étreinte d'une de ses mains, et l'envoya dans la figure d'un des gardes, qui s'effondra à terre, le nez entre les mains. Le deuxième garde dégaina en partie son épée, et écrasa le pommeau contre le front du jeune rebelle, qui s'évanouit sur le coup.
-Il a cassé mon nez, murmura le garde à terre d'un air courroucé, pour lui-même.
-Emmenez-le à la prison.
-Compris.
La milice traina alors le corps inconscient d'Isorfindel, et Iserion s'en alla dans la direction opposée, les mains dans le dos.
Le réveil fut violent pour le détenu. Une gifle fulgurante l'éveilla. Il poussa un grognement de douleur, et ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une salle obscur. Il était assis sur une chaise, les mains liées par une corde dans son dos. Il commençait à avoir peur. Il pouvait distinguer la silhouette de l'elfe qu'il avait frappé au nez. Une faible flamme bleue dispensait parcimonieusement sa lueur dans la pièce. Un moment plus tard, il reconnut Iserion, au fond de la pièce, adossé contre un mur.
-Tu as enfin décidé de te réveiller, questionna le garde.
-Qu'est-ce que je fais là...? Laissez-moi partir, je n'ai rien fait.
-Ne souffle pas de mauvaises idées à Hyacinthe, jeune impertinent, déclara enfin Iserion.
-Que... comment ? Que voulez-vous dire ?
Iserion daigna poser son regard sur Isorfindel.
-Tu déclares ouvertement que le Prince Kael est un traître, et tu influences le jeune Hyacinthe Heurtesoleil avec tes idées erronées. Tu es un élément nuisible, Isorfindel.
-Mais... jamais je n'ai...!
-Je suis au courant de tout, mentir ne ferait qu'aggraver ton cas, jeune imbécile. Alors maintenant, la question est... Iserion fourra sa main droite dans son gant. Qui est-ce.
-Qui est-ce ?
-Le traître qui t'a dit de telles absurdités à propos de notre Prince bien-aimé.
-Je ne peux le dire.
-Alors, c'est avec l'ennemi que tu traites ?
-Non, je ne suis pas un traître !
-Bien sûr que si, tu l'es. En injuriant notre souverain, tu as déshonoré ton serment de fidélité à notre Peuple. Et tu connais le châtiment réservé aux criminels de ton espèce, n'est-ce pas Isorfindel ?
-Non, s'il-vous-plaît...
-La mort.
-Pitié !
-Toutefois, je sais être clément... je ne dirai rien à personne, si tu m'énonces le nom de cette personne, ennemi du prince, et par conséquent du royaume de Quel Thalas.
-Je ne dirai rien, je préfère mourir à dénoncer cet homme !
Iserion lâcha un soupir.
-Quel dommage... tu vas donc devoir subir la torture.
Isorfindel fronça les sourcils. Ainsi, le jeune elfe connut le moment le plus douloureux de sa vie. Chaque minute paraissait des heures entières, il hurlait à chaque nouvelle mutilation infligée à son corps, toujours pire que la précédente. Et finalement, il se résolut à avouer...
-A... arrêtez... demanda-t-il avec difficulté. Du sang perlait sur la totalité de son visage, son nez déformé sifflait de manière inquiétante à chaque respiration, et ses dents cassées lui donnaient l'air d'un monstre.
-C'est O... O... Oca... Ocarius.
Iserion ouvrit une porte, et tourna le dos au supplicié.
-Très bien, Isorfindel... tu viens de rendre un grand service à ta patrie.
Les larmes montaient aux yeux gonflés du jeune elfe.
-A présent, tu ne nous est plus d'aucune utilité. Garde, offrez-lui le châtiment des traîtres.
-Non... Non ! NOOOOOON !!!
Et les portes se refermèrent derrière Iserion. Il affichait un sourire sardonique, en parcourant les rues de la resplendissante cité de Lune d'Argent...
Dim 8 Mar - 20:11
